Chapitre 10 : Le Conseil des Bois et les Noisettes de Vérité

(où l’on découvre qu’un débat politique entre animaux peut dégénérer en combat de danse et en duel de regards dramatiques)

LA MISE EN SCÈNE
La clairière du Grand Conseil des Bois était décorée avec tout le faste d’un enterrement de hérisson célèbre :

Des guirlandes de mousse suspendues entre les branches.

Des champignons phosphorescents pour l’ambiance.

Et une estrade en racines tressées, surmontée d’un micro fait d’un gland percé (grâce à l’ingénierie audacieuse des castors).

Les tribus arrivaient les unes après les autres :

Les écureuils, cravates nouées autour de la queue.

Les blaireaux, en armure de feuilles.

Les grenouilles, en costumes trop serrés.

Et même les mouettes, invitées par erreur, qui criaient : « On est là pour le buffet ? »

Castagnor, vêtu de sa cape d’écorce, prit place, l’air grave. À côté de lui, Belladonna affûtait ses regards noirs.

Speedo arriva avec six heures de retard. Normal.
Jean-Rasoir préparait déjà ses feux d’artifice, étiquetés :
« Argument final », « Révélation explosive » et « Au cas où tout part en sucette ».

ENTRÉE DU CRABE
Le Crabe Suprême arriva à dos de tortue dorée, précédé d’une fanfare de cigales en colliers de sel marin.
Il portait un manteau de coquilles vides, une pince manucurée, et un sourire carnivore.

Il leva une antenne.

— "Je suis ici pour rétablir l’ordre, la justice… et surtout, le monopole de la Noisette."

Un murmure parcourut l’assemblée.

Pluminette, perchée sur une branche, lança un cri :

— "MENSONGES À COQUILLE OUVERTE !"

LE DÉBAT TOURNE
Castagnor s’approcha du micro-gland.

— "Ce crustacé veut voler notre avenir, notre monnaie, et nos truffes ! Il manipule le Conseil, corrompt les grenouilles et vend nos secrets aux hérons !"

Le Crabe ricana :

— "Je suis l’avenir. Je suis la vague. Je suis… croustillant."

À ce moment précis, Agent Chiffon surgit de sous la scène en criant :

— "J’ai les preuves ! Des documents ! Des coquilles ! Des reçus en noisettes signés !"

Mais Jean-Rasoir trébucha sur un fil, et BOUM ! Le feu d’artifice « Révélation explosive » partit.

Résultat :

Une pluie de confettis.

Une projection de jus de champignon sur les castors.

Et une cigogne qui s’évanouit sous l’effet dramatique.

DUEL DE REGARDS
Silence.

Puis… duel de regards entre Castagnor et le Crabe Suprême.
Pas un mot. Pas un geste. Juste… des clignements de paupières intenses.
La tension pouvait couper un gland en deux.

Finalement, le doyen des grenouilles grimaça :

— "C’est bon. On vote."

LE VOTE
Chaque espèce déposa une noisette dans une souche creuse.
Certaines noisettes étaient dorées. D’autres moisis. Une avait été grignotée par erreur.

Après comptage :

17 pour le Crabe.

17 pour Castagnor.

1 pour « Une banane indépendante ».

Égalité.

Un mulot hurla :
— "QUE DIT LA LOI ?!"

Le doyen répondit, solennel :

— "Dans ce cas… duel de danse."

DUEL DE DANSE POLITIQUE
Castagnor enchaîna moonwalk sur l’écorce, twerk de la queue et claquettes forestières.
Le Crabe fit du breakdance sur une souche et termina en grand écart de pinces.

Les grenouilles hurlèrent. Les hérissons applaudirent. Les chouettes firent « houuu ».

Verdict du Conseil ?

Castagnor remporte le duel. D’un poil de moustache.

CONCLUSION (TEMPORAIRE)
Le Crabe, furieux, se retire en criant :

— "Vous n’avez pas vu ma dernière vague ! JE REVIENDRAI !"

Castagnor, trempé de sueur et de sève, s'effondra dans un hamac naturel.

— "On a gagné... provisoirement."

Et Jean-Rasoir murmura :

— "Et maintenant… feu d’artifice de la paix ?"
Personne ne répondit.
Mais le ciel explosa de couleurs.